La Ville de Tours s’unit à dix associations locales pour activer une plateforme numérique d’hébergements, pensée comme un guichet unique. Objectif: mobiliser chambres libres, locaux inoccupés et bureaux chauffés la nuit pour éviter que des personnes dorment dehors. La municipalité évoque 3 500 lieux potentiels, à activer avec l’appui d’un réseau associatif expérimenté.
Le dispositif s’adresse aux particuliers et aux entreprises prêts à prêter un espace, même pour quelques nuits. L’élue au logement Marie Quinton rappelle que la compétence de l’hébergement d’urgence relève de l’État, mais insiste: « Ici, on oriente vite, on rassure et on met en lien. »
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Tours et 10 associations, une plateforme d’hébergement
La nouvelle plateforme rassemble en un seul endroit les besoins repérés en ville et les propositions des habitants. Le principe est simple: l’usager décrit l’espace disponible, la durée possible et les contraintes; l’équipe associative identifie une personne prioritaire et organise l’accueil. L’enjeu: transformer un parc invisible en Hébergement Solidaire visible et opérationnel.
Selon la mairie, environ 3 500 lieux sont mobilisables. Le chiffre croise des estimations sur les 2 000 logements vacants de longue durée à Tours, des bureaux chauffés mais inoccupés la nuit et près de 1 300 chambres d’amis. Ce potentiel dormait, il devient un levier contre la rue et le froid.
La ville ne agit pas seule. Dix associations tourangelles forment l’ossature du projet. On y retrouve des structures reconnues pour l’accompagnement, l’hébergement temporaire et l’orientation sociale. Les partenaires portent aussi des initiatives locales comme Toit pour Tous, SolidaTours ou Partageons Nos Toits qui ont fait leurs preuves lors d’élans citoyens récents.
Pour Marie Quinton, la plateforme répond à deux sujets d’un coup: la lutte contre l’exclusion et la fin du « gaspillage immobilier ». Des espaces existent mais ne profitent à personne. En les ouvrant, même ponctuellement, ils deviennent un Refuge en Ville. La référence récente à l’accueil des réfugiés ukrainiens a convaincu la collectivité qu’un réflexe d’entraide peut s’installer dans la durée.
Sur l’écran, l’interface guide pas à pas. Les particuliers signalent une chambre. Les entreprises saisissent un bureau ou une salle de réunion inutilisée après 18 heures. Les associations valident, proposent un « Accueil Citadin » adapté (nuit seule, nuit avec salle d’eau, nuit + petit-déjeuner) et coordonnent l’arrivée. La simplicité de ce guichet unique évite les errances.
Des garde-fous sont prévus. Chaque hébergement s’appuie sur une charte: horaires, règles de vie, contact d’urgence, accompagnement social. Les bénévoles formés passent le relais si besoin. L’important: sécuriser la personne accueillie et rassurer l’hébergeur. L’un et l’autre doivent savoir à qui parler et quoi faire en cas d’imprévu.
Les maraudes sont intégrées au système. Elles repèrent le soir, signalent sur la plateforme et déclenchent une mise à l’abri rapide. En période de grand froid, la chaîne s’accélère. L’idée n’est pas de remplacer l’hébergement d’État, mais de combler les interstices, de fluidifier les relais et d’éviter une nuit dehors.
Trois atouts se dégagent déjà: la rapidité de mise en relation, la souplesse des formats d’accueil et la coordination entre acteurs. Les associations mutualisent leurs forces. Les habitants proposent des solutions à la bonne échelle. Les entreprises ouvrent sans bouleverser leurs activités.
- Guichet unique pour proposer un espace en quelques minutes.
- Validation associative et accompagnement social dédié.
- Formats variés: chambre privée, bureau de nuit, studio.
- Charte de sécurité et contact d’urgence en continu.
- Suivi pour préparer une solution plus stable.
| Type de lieu | Potentiel estimé | Usage envisagé | Durée type |
|---|---|---|---|
| Logements vacants | ≈ 2 000 | Accueil autonome avec accompagnement | Semaine à plusieurs mois |
| Chambres d’amis | ≈ 1 300 | Nuit(s) ponctuelle(s), étape sécurisée | 1 à 7 nuits |
| Bureaux inoccupés la nuit | Non chiffré | Mise à l’abri nocturne | De nuit à courte durée |
| Locaux associatifs | Capacité variable | Accueil collectif encadré | Selon saison |
En centralisant les offres et en s’appuyant sur l’expérience locale, la Ville espère bâtir un réflexe durable d’hospitalité.
Reste à comprendre concrètement comment les habitants et les employeurs peuvent participer, du premier clic jusqu’à l’accueil réel.
Comment fonctionne le guichet unique d’hébergements à Tours
Le parcours est conçu pour être simple. L’hébergeur potentiel décrit son espace. L’équipe vérifie l’adéquation et propose un accueil adapté. Des bénévoles guident chaque étape pour éviter les erreurs et lever les doutes.
Les formats varient selon les lieux. Une chambre privée permet une nuit reposante. Un bureau équipé d’un canapé-lit offre un abri discret. Un studio vacant devient une solution transitoire. Chaque option est utile si elle est bien cadrée.
Des projets locaux inspirent la méthode: Logeons Ensemble pour des cohabitations choisies, Abri Coopératif pour des espaces mutualisés, Accueil Citadin pour des mises à l’abri rapides. Ces appellations parlent d’elles-mêmes: l’essentiel est d’additionner des petites solutions pour former une grande réponse.
Les assurances sont clarifiées dès l’inscription. Les associations expliquent les responsabilités, les règles d’usage et les bonnes pratiques. Le rôle de la médiation est central: passer dire bonjour, écouter, prévenir un malentendu. Personne n’est seul.
- Étape 1: Inscription sur la plateforme avec description du lieu.
- Étape 2: Visite ou échange rapide par une association référente.
- Étape 3: Appariement avec une personne prioritaire selon besoins.
- Étape 4: Accueil avec charte signée et contact d’urgence.
- Étape 5: Suivi pour préparer la suite (droits, santé, emploi).
Le guichet s’appuie sur des réseaux existants: maraudes, Emmaüs 100 pour 1, Association Emergence, AJH pour la cohabitation intergénérationnelle, mais aussi Association Main Accueil et les collectifs citoyens Toit pour Tous et Partageons Nos Toits. Ce maillage évite les ruptures de parcours.
Le soir, les urgences passent par le 115 et le SIAO. La plateforme prend le relais pour les mises à l’abri complémentaires. Elle enrichit l’écosystème sans le doubler. En journée, les travailleurs sociaux orientent vers des droits plus stables. L’accueil devient un tremplin, pas une fin en soi.
La proximité fait la différence. Les volontaires connaissent les quartiers, les lignes de bus, les contraintes du quotidien. C’est ce réalisme qui rassure autant l’hébergeur que la personne qui arrive, souvent fatiguée et méfiante.
| Profil | Type d’espace | Durée conseillée | Association référente |
|---|---|---|---|
| Particulier | Chambre d’ami | 1 à 7 nuits | Partageons Nos Toits |
| Entreprise | Bureau nocturne | Nuit par nuit | SolidaTours |
| Bailleur | Studio vacant | 1 à 3 mois | Toit pour Tous |
| Senior | Cohabitation | Mois renouvelables | AJH |
L’outil est là pour aller vite, sans perdre la qualité de l’accueil. C’est un équilibre exigeant, mais atteignable avec une coordination solide.
Au-delà du mode d’emploi, les parcours individuels racontent l’impact humain de cette mise en commun des toits.
Témoignages locaux: familles, bénévoles et entreprises mobilisées
Dans le quartier des Fontaines, Nadia et son fils Sami ont trouvé une chambre pour souffler trois nuits. Un couple retraité l’a ouverte via la plateforme, conseillé par un bénévole d’Association Emergence. « Le soir, on a enfin posé nos sacs sans regarder l’heure », dit Nadia. Le petit a dormi, le lendemain il a souri à l’école.
À Deux-Lions, une PME du numérique prête une salle de réunion après 19 h. Des lits pliants, des couvertures, un coin thé. La logistique est suivie par SolidaTours. « On voulait agir sans tout réinventer. La plateforme nous a donné le cadre », explique le dirigeant, fier d’un Refuge en Ville discret et efficace.
Rue Louis Mirault, l’antenne d’Association Emergence accompagne les arrivées: hygiène, repas, orientation santé. « Une nuit au calme change la face d’un dossier », confie une travailleuse sociale. Dormir relance la capacité à décider. Manger rétablit l’énergie. Parler redonne la force de frapper aux bonnes portes.
Chez Emmaüs 100 pour 1, un T2 resté vide deux mois a accueilli une famille. L’association suit le loyer et l’électricité, la plateforme oriente les dons de voisinage. Un voisin passe donner une lampe, une étudiante propose des cours de français. Le tremplin prend forme, étape par étape, au cœur d’un immeuble ordinaire.
AJH met en lien Hélène, 67 ans, et Yanis, 22 ans, en cohabitation solidaire. Hélène rassure: « Je ne pouvais pas louer, mais partager une chambre, oui. » Yanis travaille tôt, part discrètement, participe aux courses. La plateforme a facilité la rencontre, l’association a sécurisé le cadre.
Il y a aussi des refus, et c’est sain. Parfois un lieu ne convient pas, parfois une personne a besoin d’un cadre différent. La coordination sert à trouver la bonne solution, pas à forcer une réponse. La bienveillance s’accompagne de prudence, c’est ce qui tient dans la durée.
- Chambre partagée pour souffler et recontacter l’assistante sociale.
- Bureau de nuit pour éviter une nuit dehors en hiver.
- Studio temporaire pour stabiliser une famille avant un relogement.
- Cohabitation pour rompre l’isolement et réduire les coûts.
- Maraude qui déclenche l’accueil en quelques appels.
Des associations de jour comme Association Main Accueil proposent café, douche, lessive et repos. Ce continuum de services évite l’effet yoyo de la rue. Le soir, la plateforme connecte. Le jour, les acteurs locaux réparent ce qui peut l’être et accompagnent vers des droits.
| Situation | Avant | Après accueil | Acteur clé |
|---|---|---|---|
| Mère seule avec enfant | Nuits à l’hôtel, instables | 3 nuits en chambre + orientation | Emergence |
| Jeune en emploi précaire | Canapé chez des amis | Cohabitation sereine | AJH |
| Homme isolé | Rue, fatigue chronique | Bureau de nuit + accompagnement santé | SolidaTours |
| Famille en attente de relogement | Gymnase, promiscuité | Studio temporaire | Emmaüs 100 pour 1 |
Le fil rouge reste le même: un toit, même court, peut relancer une trajectoire qui s’essoufflait.
Ces récits éclairent un autre aspect déterminant: la coordination avec l’État et la lutte contre le gaspillage de mètres carrés chauffés à vide.
Coordination avec l’État et lutte contre le gaspillage immobilier
La compétence de l’hébergement d’urgence appartient à l’État. À Tours, le 115 et le SIAO restent les pivots. La plateforme vient en complément, pour saisir des opportunités locales, ouvrir des portes que l’institution ne peut actionner seule, et éviter des ruptures au cœur de la nuit.
La mairie parle de « gaspillage immobilier » pour désigner les espaces chauffés mais vides. Des bureaux, des salles de réunion, des studios en transit. Le guichet unique propose un usage encadré, avec des créneaux clairs et une médiation. Ce qui était un coût inutile devient une utilité sociale.
Les services municipaux, les associations et l’État partagent un calendrier d’alerte. En cas de froid marqué, la plateforme accélère les mises à l’abri. Les gymnases restent une option ultime. L’expérience de la fermeture du gymnase des Fontaines a rappelé l’importance d’alternatives dignes et dispersées dans la ville.
Le monde associatif se mobilise aussi via des événements de dons et de rencontres. Certains galas font débat, d’autres nourrissent les projets à bas bruit. L’essentiel: financer l’accompagnement, sans lequel un lit ne suffit pas. Accueillir coûte du temps et de l’attention, et ces deux ressources ont un prix.
La ville change. Le passage généralisé à 30 km/h apaise les déplacements, la seconde ligne de tram se prépare. Dans ce paysage, la solidarité s’inscrit à la même échelle: locale, lisible, quotidienne. Un quartier peut s’organiser en réseau, une rue peut compter plusieurs hôtes référencés.
- 115/SIAO: orientation et gestion des priorités.
- Plateforme: activation des lieux disponibles.
- Associations: accompagnement, médiation, suivi.
- Mairie: coordination et soutien logistique.
- Habitants/entreprises: ouverture d’espaces.
Une fois la nuit passée, les travailleurs sociaux enclenchent le reste: accès aux droits, soins, emploi, scolarité. La plateforme sert de tremplin. Elle ne remplace pas le relogement stable, mais elle crée le temps nécessaire pour y parvenir.
Le pari est clair: mutualiser les forces locales pour ne laisser personne dehors. C’est un mouvement de fond qui dépasse la saison.
| Acteur | Rôle | Quand | Outil associé |
|---|---|---|---|
| État (115/SIAO) | Gestion des urgences | 24/7 | Numéro national |
| Ville de Tours | Coordination locale | Toute l’année | Plateforme municipale |
| Associations | Accompagnement | Selon besoins | Réseau de terrain |
| Habitants/entreprises | Ouverture d’espaces | Soirs et week-ends | Guichet unique |
Réduire le gaspillage, c’est réaffecter une chaleur déjà payée à une utilité humaine immédiate.
Pour transformer l’intention en acte, un mode d’emploi clair aide chacun à franchir le pas, qu’on soit particulier ou employeur.
Participer dès maintenant: mode d’emploi pour les Tourangeaux
Le point d’entrée est unique: la plateforme municipale d’Hébergement Solidaire. En quelques clics, chaque volontaire décrit l’espace, la durée et les conditions d’accès. Les associations prennent ensuite le relais pour valider et proposer un accueil adapté.
Les particuliers peuvent déclarer une chambre d’amis, un canapé-lit, un studio. Les entreprises offrent des bureaux après fermeture, un vestiaire chauffé, une salle de projet. Chaque proposition est utile, si elle est claire et sincère. La charte fixe un cadre simple et rassurant.
Les conseils pratiques sont concrets: prévoir une literie propre, sécuriser l’accès, afficher les numéros utiles. Une bouilloire, quelques sachets de thé, une prise pour recharger un téléphone: ces détails comptent. Ils disent la dignité accordée à l’invité.
Le réseau associatif tourangeau accompagne au quotidien. L’Annuaire des associations de la Ville de Tours permet de repérer les contacts: Emmaüs 100 pour 1 pour les logements solidaires, Association Emergence pour l’hygiène et les repas, AJH pour la cohabitation, Association Main Accueil pour l’accueil de jour, sans oublier Toit pour Tous, Refuge en Ville, Domicile pour Demain et Logeons Ensemble.
En cas de doute, la plateforme propose des temps d’information. Des réunions de quartier expliquent les règles, des bénévoles témoins partagent leurs expériences. Chacun trouve sa place: héberger, donner, cuisiner, conduire, traduire. La solidarité a mille métiers.
- Déclarer un espace avec photos et créneaux disponibles.
- Rencontrer une association référente pour valider le cadre.
- Accueillir selon la charte (horaires, règles, confidentialité).
- Orienter vers les services de jour et le 115 si besoin.
- Suivre l’évolution et faire remonter les retours d’expérience.
La plateforme offre aussi des alternatives pour celles et ceux qui ne peuvent pas héberger. Dons de couvertures, participation à une maraude, coups de main logistiques. Il n’y a pas de petit geste quand la nuit tombe.
| Besoin | Action possible | Contact | Fréquence |
|---|---|---|---|
| Espace de nuit | Ouvrir une chambre/un bureau | Guichet unique | Selon créneaux |
| Accompagnement | Bénévolat médiation | Association Emergence | Hebdomadaire |
| Logement solidaire | Prêt d’un studio | Emmaüs 100 pour 1 | 1 à 3 mois |
| Cohabitation | Chambre chez l’habitant | AJH | Mensuel |
| Accueil de jour | Café, douche, linge | Association Main Accueil | Quotidien |
En ouvrant une porte, la ville tisse un filet. Avec SolidaTours et des initiatives comme Partageons Nos Toits ou Domicile pour Demain, Tours donne corps à une hospitalité simple, efficace et locale.