De Tours à Daejeon, une passion qui guide
À deux semaines de fêter ses 30 ans, Andréa s’apprête à souffler ses bougies à Daejeon, loin de Tours mais tout près de son rêve. La jeune Tourangelle a quitté la région en 2019 pour la Corée du Sud, avant d’y vivre trois ans, puis de revenir poser ses valises en Touraine. Aujourd’hui, elle anime des cours d’enseignement du coréen et de K-pop qui affichent complet, et porte un projet de studio qui pourrait dynamiser encore la vie culturelle locale.
Sommaire
Sous le ciel de Corée : le grand saut d’Andréa et la route vers la K-pop
Dans la famille, les cultures d’Asie font partie du quotidien depuis longtemps. Les parents d’Andréa accueillaient des étudiants étrangers, ouvrant la maison aux langues et aux cuisines du monde. C’est là que l’oreille s’est affinée, que la musique a pris place, que la curiosité est devenue une boussole.
Le premier déclic, pourtant, ne venait pas de la Corée du Sud. Au collège, la J-pop occupait les playlists et les trajets de bus. Les chaînes musicales n’indiquaient pas toujours les noms des groupes, alors on attendait la fin du clip pour tout noter. YouTube a fait le reste, et la danse est entrée dans la chambre.
Un soir, un titre change tout : “Lies” de Big Bang. La collégienne ignore que le groupe est coréen, mais l’adhésion est immédiate. La découverte des K-dramas suit, puis l’idée, simple et immense : partir un jour en Corée du Sud. Le mot rêve s’installe et ne quittera plus l’horizon.
Les années passent, la détermination grandit. Après le bac, la jeune Tourangelle choisit des études courtes. Objectif : gagner vite en autonomie, mettre de côté, préparer le départ. Les petits boulots s’accumulent, chaque mission finance un billet, un futur cours, une chance.
En 2019, l’heure sonne. Visa d’un an en poche, inscription universitaire validée, abandon des certitudes et des habitudes. “Séoul, c’était trop grand”, confie-t-elle souvent, alors le choix se fixe sur Daejeon, ville étudiante et paisible, cinquième métropole du pays. La rencontre avec la ville sera définitive.
Les débuts sont rythmés par les cours intensifs de langue. L’alphabet coréen, les sonorités comme un ruisseau sur la pierre, les premières conversations au marché. Très vite, la danse s’invite au programme. Les studios ne manquent pas, et les professeurs enchaînent les chorégraphies de K-pop.
La période Covid bouleverse le pays mais les cours continuent, avec prudence. Les scènes publiques se raréfient, les salles s’adaptent, la danse reste une respiration. Les progrès se mesurent sur des vidéos partagées aux proches restés à Tours, autant de ponts jetés entre les deux villes.
Les week-ends, la route mène vers Séoul. Là, des stages réunissent des chorégraphes de premier plan, ceux qui signent pour des artistes internationaux. La rigueur étonne, l’énergie porte, et les bases se consolident autant que la confiance.
Les rencontres suivent la même cadence. C’est à Daejeon qu’Andréa croise l’homme qui partage sa vie encore aujourd’hui. La perspective d’un retour en Touraine s’habille d’allers-retours, d’équilibres à inventer, de projets à maturer des deux côtés du continent.
En 2022, le retour à Tours s’impose, volontaire. La ligne fixée n’a pas bougé : transmettre ce qu’elle a reçu, faire vivre la culture coréenne ici, au plus près. Les premières opportunités arrivent rapidement et ouvrent un chapitre local inattendu.
“Il y a quinze ans, on trouvait ça bizarre d’aimer la K-pop”, raconte-t-elle encore. Désormais, la curiosité est partagée par toutes les tranches d’âge. Les salles se remplissent de collégiens, d’étudiantes, de mères et de pères qui dansent ensemble.
Cette trajectoire, des premiers clips à la scène tourangelle, s’éclaire dans une chronologie simple. Elle dit l’endurance, l’apprentissage, la place des rencontres.
| Année | Lieu | Étape | Détail |
|---|---|---|---|
| 2009 | Tours | Déclic musical | Découverte de “Lies” de Big Bang, premiers K-dramas |
| 2013-2018 | Touraine | Préparation | Études courtes, économies, premiers cours de danse |
| 2019 | Daejeon | Départ | Visa étudiant, immersion linguistique et studios de K-pop |
| 2020-2021 | Daejeon / Séoul | Formation | Stages avec chorégraphes reconnus, progression technique |
| 2022 | Tours | Retour | Début de l’enseignement du coréen et de la K-pop |
| 2025 | Touraine / Daejeon | Allers-retours | Projet de studio et vie partagée entre les deux villes |
De cette ligne claire ressort une idée simple : quand la passion guide la boussole, les continents se rapprochent et les ponts se construisent pas à pas.
K-pop à Tours : un enseignement qui fédère et fait salle comble
Le retour en Touraine s’est transformé en élan collectif. Aux côtés de la présidente Kim Da-in, à l’École coréenne de Tours et à l’épicerie Joie Joie, Andréa a trouvé l’appui qui manquait. Les premiers cours ont affiché complet en quelques semaines.
Le public est large : enfants, ados, adultes. Les séances mêlent échauffements, technique, apprentissage des séquences, puis mise en musique. L’objectif n’est pas la performance à tout prix, mais le plaisir du mouvement et la compréhension des codes de la K-pop.
“Elle sait rendre accessibles des chorégraphies qui paraissent impossibles”, glisse Manon, 16 ans, croisée à la sortie d’un cours. Ce témoignage revient souvent, toujours le même mot-clé : pédagogie. Les gestes sont décomposés, les transitions clarifiées.
Le rythme d’une séance suit un canevas précis. Dix minutes pour le cardio, dix pour l’isolation, puis le travail des temps forts sur le refrain. Vient ensuite la connexion à la musique : on cherche l’accent, on compte, on ressent.
La structuration des créneaux répond aux besoins des familles locales. En semaine, les cours commencent après 17 h 30. Le samedi, une large plage horaire permet des ateliers thématiques. Les niveaux sont gradués pour éviter la frustration.
Une liste d’activités s’est imposée comme un rendez-vous régulier à Tours :
- Initiation K-pop pour enfants (motricité, coordination, jeu)
- Chorégraphies signature pour ados (refrains, transitions, présence)
- Ateliers adultes bien-être et confiance en soi
- Stage “cover” avec captation vidéo mensuelle
- Cours de langue coréenne orientés pratique et culture quotidienne
Pour renforcer la progression, Andréa intègre des références culturelles. Un refrain renvoie à une expression, un geste à un symbole, une tenue à une époque. Les élèves apprennent en dansant, sans s’en rendre compte.
“On vient pour la K-pop, on reste pour la bienveillance”, résume Rachida, 38 ans, inscrite depuis un an. La sociabilité qui naît autour des cours déborde souvent vers des sorties, des repas, des répétitions improvisées.
Les réseaux sociaux amplifient l’élan. Les vidéos de fin de cycle sont partagées, commentées, relancent des inscriptions. La visibilité attire de nouvelles personnes, y compris des débutants qui n’osaient pas franchir la porte.
La dynamique locale se traduit aussi sur scène. Avec le groupe tourangeau YNS, Andréa participe à des démonstrations en médiathèque et lors de fêtes de quartier. Ces apparitions donnent aux plus jeunes des repères concrets, et aux parents des raisons d’encourager la pratique.
La demande croissante amène naturellement l’idée d’un studio dédié. L’outil donnerait de la souplesse, des miroirs en pied, un sol adapté et un agenda élargi. De quoi fidéliser, accueillir et rayonner au-delà de Tours.
Envie de se faire une idée des styles abordés en cours ? Cette recherche propose des chorégraphies accessibles pour débuter et progresser en douceur.
Dans cette salle devenue repère, l’enseignement de la K-pop prouve qu’une pratique artistique peut fédérer une ville entière, par petites touches, au rythme d’un refrain partagé.
La culture coréenne en Touraine : liens, adresses et vie de quartier
Les cours ne sont qu’une porte d’entrée. Autour, la culture coréenne s’est installée dans les habitudes de nombreux Tourangeaux. C’est visible dans les rayons de l’épicerie Joie Joie, et dans les conversations qui mêlent recettes et recommandations de séries.
La présidente Kim Da-in joue un rôle discret mais majeur. En soutenant des ateliers ouverts, elle fait circuler les savoir-faire au-delà des cercles d’initiés. Les séances du samedi matin en témoignent : on y entend autant de rires que de consonnes aspirées.
Le public n’est pas monolithique. Des étudiants de l’Institut de Touraine côtoient des actifs curieux et des familles venues ensemble. Les générations se rencontrent et apprennent à lire l’alphabet coréen sur des post-it colorés.
Les goûts culinaires servent de passerelle. On se transmet des astuces pour un bibimbap bien assaisonné, on compare les kimchis de saison, on échange des idées d’accompagnement pour un repas partagé. La musique n’est jamais loin, en fond sonore ou en proposition d’écoute.
Ce phénomène local s’inscrit dans un contexte plus large. Le Hallyu, la “vague coréenne”, a diffusé partout ses créations en quinze ans. À Tours, cela prend la forme d’une offre culturelle plus large : projections en VOST, clubs de conversation, soirées de danse.
Il y a quinze ans, aimer la K-pop était parfois l’objet de quolibets. Maintenant, des parents évoquent les concerts en famille, des grands-parents demandent des recommandations de K-dramas. Les barrières symboliques ont cédé, et c’est une bonne nouvelle pour la vie associative.
Les structures locales s’adaptent à ce mouvement. Des médiathèques enrichissent les rayons, des MJC programment des initiations, des associations organisent des micro-festivals. Dans ce maillage, Andréa devient un repère, une interlocutrice, une invitée régulière.
Les écoles n’ignorent pas la tendance. Des ateliers périscolaires ponctuels ont introduit des jeux autour de la langue et du rythme. Les élèves y apprennent à compter en coréen, à saluer, à identifier des styles de danse.
La force de cette dynamique tient à sa simplicité. On entre par curiosité, on reste pour l’ambiance, on revient pour progresser. C’est la définition même d’un ancrage culturel réussi à l’échelle d’une ville moyenne.
Le lien avec Daejeon donne aussi un supplément d’âme. Les récits d’Andréa sur les bus nocturnes, les cafés qui diffusent des clips, les marchés où l’on négocie en coréen, font voyager sans prendre l’avion. Les élèves y trouvent une motivation intime à persévérer.
Cette circulation des influences nourrit l’idée d’un jumelage informel. Quand une danse est apprise ici le mardi, elle peut être révisée là-bas le vendredi. L’Atlantique devient un détail quand le tempo est partagé.
La question de l’impact local se mesure aussi à l’échelle des commerces. Quand une classe de dix adolescents cherche du matériel, c’est tout un quartier qui s’active. Les retombées sont modestes mais réelles, et elles s’inscrivent dans la durée.
Ce qui se joue à Tours, finalement, dépasse une mode. C’est une façon d’apprendre à regarder ailleurs pour mieux se rassembler ici, autour d’une passion commune et accessible.
Daejeon, ville de cœur : études, danse et inspirations coréennes
Daejeon n’est ni trop bruyante ni trop lente. La cinquième ville de la Corée du Sud combine universités, parcs, marchés et quartiers calmes. Elle offre un terrain idéal pour se concentrer et s’ouvrir.
La vie d’étudiante d’Andréa s’organisait autour des cours intensifs de langue. Matinées dédiées aux consonnes et voyelles, après-midis en bibliothèque, soirées dans les studios de danse. Un rythme exigeant, pensé pour durer.
Le réseau ferroviaire rendait les escapades vers Séoul simples et rapides. Le week-end, elle retrouvait des professeurs qui signent des chorégraphies pour des groupes de premier plan. Ces stages ont servi de laboratoire à sa méthode d’enseignement actuelle.
La ville a un autre atout : ses lieux “intermédiaires”. Des cafés où l’on étudie en silence, des parcs propices à l’échauffement, des galeries qui accueillent des performances. Ces espaces ont fait naître des habitudes qui perdurent à Tours.
Le regard posé sur la pratique a évolué avec l’expérience. D’abord, l’entraînement visait la précision. Ensuite, l’objectif s’est déplacé vers l’interprétation, la respiration, la musicalité. Le cheminement rejaillit sur chaque séance animée aujourd’hui.
“La K-pop, ce n’est pas faire pareil, c’est trouver le bon appui au bon moment”, aime-t-elle répéter. La phrase résume une philosophie simple : s’approprier sans s’effacer. La nuance fait toute la différence dans une chorégraphie.
La période 2019-2022 n’a pas été qu’un rythme de cours. C’était aussi une immersion au quotidien : négocier un abonnement, prendre rendez-vous, discuter avec des voisins. Autant d’apprentissages qui nourrissent les cours de langue à Tours.
Pour saisir l’atmosphère, une exploration vidéo de la ville permet d’entrer dans ses rues et ses parcs. Les images racontent la trame de ce quotidien studieux.
Les échanges avec les studios de Séoul continuent. Des contacts pris durant ces années ont ouvert des passerelles pour des stages en ligne et des collaborations ponctuelles. Les élèves tourangeaux bénéficient indirectement de ce réseau.
La différence entre la scène coréenne et française tient surtout à la densité d’offres. Là-bas, un quartier réunit dix studios en trois rues. Ici, il faut relier les initiatives, créer des ponts, mutualiser les espaces. D’où l’idée d’un lieu dédié.
Un exemple résume bien l’esprit. Lors d’un stage à Hongdae, une consigne tenait en deux mots : “économie d’énergie”. Ce principe, retravaillé à Tours, aide les élèves à durer toute une chorégraphie sans perdre le sourire.
Au-delà de la technique, la vie affective a compté. Daejeon est restée le lieu où vit son compagnon. Les allers-retours façonnent une géométrie de vie qui oblige à la précision, tant dans les calendriers que dans les priorités.
Chaque retour en Touraine fait l’effet d’un souffle. Les parcs, la Loire, les salles municipales, tout devient scène possible. La ville se prête à ces circulations, comme un tapis de danse qu’il suffirait de dérouler.
Entre deux continents, la même idée persiste : la passion ne se négocie pas, elle s’organise, et elle trace les lignes d’une trajectoire cohérente.
Projets et perspectives 2025 : un studio K-pop à Tours ou le retour en Corée du Sud ?
La question se pose avec gravité et enthousiasme à la fois. Ouvrir un studio de K-pop à Tours, ou repartir s’installer à Daejeon ? Les deux options racontent la même histoire : celle d’un rêve qui cherche sa forme durable.
Le studio, d’abord, aurait une utilité évidente. Les cours actuels empruntent des salles selon les disponibilités. Un lieu fixe simplifierait les créneaux, sécuriserait les répétitions du groupe YNS et offrirait un point d’ancrage pour la culture coréenne en Touraine.
Le modèle économique s’esquisse. Entre les abonnements mensuels, des cartes dix séances et des ateliers thématiques, l’activité peut s’équilibrer. Des partenaires locaux pourraient compléter la mise de départ sur l’équipement technique.
Sur le plan social, l’impact serait significatif. L’accès à la danse pour des jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les disciplines classiques a prouvé son utilité. La musique sert de tremplin, la chorégraphie de structure, la scène de miroir.
Pour baliser ce chemin, une feuille de route opérationnelle a été dressée. Elle met l’accent sur le calendrier et les ressources à mobiliser, afin de concrétiser l’enseignement dans un lieu adapté.
- Repérage du local proche tram et bus, surface 120-150 m²
- Acoustique et sol (suspension, miroirs, ventilation)
- Modèle d’abonnement (ados, adultes, pass famille)
- Programmation (10-12 cours/semaine, stages mensuels)
- Partenariats (associations, médiathèques, commerces)
L’autre scénario reste tout aussi cohérent : retour en Corée du Sud, poursuite des collaborations, inscription dans un studio de Séoul ou de Daejeon. L’avantage tient au réseau, à la densité de la scène et à la formation continue.
“Ce qui compte, c’est de garder le lien des deux côtés”, confie un proche. L’équilibre des allers-retours a montré ses qualités, même s’il demande une organisation millimétrée. Les élèves, eux, poussent dans le sens de l’enracinement local.
La clé pourrait résider dans un montage mixte. Un studio tourangeau pour l’année scolaire, des sessions de formation en été à Séoul et Daejeon. Les contenus se renouvellent, la communauté reste active, et le territoire y gagne.
Dans l’immédiat, l’activité continue sur le même tempo. Les cours se remplissent, les demandes affluent, les vidéos de fin de cycle valorisent le travail. Un atelier “cover” rassemble déjà un public fidèle, signe d’une dynamique qui ne faiblit pas.
Pour celles et ceux qui souhaitent s’immerger davantage, une exploration vidéo des coulisses de cours et des studios peut aider à se projeter. La diversité des styles montre qu’il y a une place pour chacun.
Au bout du compte, la question posée n’oppose pas deux mondes. Elle rapproche deux rivages autour d’une même passion : transmettre, danser, faire communauté. Et donner à Tours un lieu qui battra au rythme de la K-pop.