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Biodiversité urbaine : Tours et l’agglomération de Blois en tête du classement des espaces verts
Tours et l’agglomération de Blois trustent les premières places d’un classement national qui compte pour la qualité de vie. Le concours Capitale française de la Biodiversité distingue leurs espaces verts et leurs politiques tournées vers un urbanisme durable. Au-delà des trophées, c’est tout un modèle d’écosystèmes urbains qui s’impose dans le Centre-Val de Loire.
Depuis 2010, l’événement met en lumière les meilleures villes et intercommunalités en matière de biodiversité urbaine. En 2025, Tours l’emporte chez les plus de 100 000 habitants, tandis qu’Agglopolys décroche la palme des intercommunalités urbaines. Résultat : une reconnaissance nationale et des ambitions revues à la hausse pour l’environnement local.
Classement 2025 : Tours et l’agglomération de Blois en tête
Les jurés ont mis en avant des actions visibles, mesurables et partagées avec les habitants. Tours est reconnue pour la cohérence d’un plan “Nature en ville” lancé en 2020 et devenu un fil rouge municipal. Agglopolys, côté blésois, se distingue par un pilotage régional solide et une articulation biodiversité-climat assumée.
Le concours, copiloté par les ministères en charge de l’écologie et de l’aménagement du territoire avec l’Office français de la biodiversité, évalue les stratégies à l’échelle des villes et des intercommunalités. Huit territoires ont été retenus en 2025, signe d’un niveau élevé et de démarches très concrètes. Après Nantes en 2024 sur la “sobriété”, l’édition actuelle met l’accent sur Culture(s) & Biodiversité.
Les habitants voient déjà la différence. Dans le quartier des Halles à Tours, des bancs ombragés ont fleuri le long d’îlots plantés. À Blois, près de la Loire, la renaturation d’anciennes emprises inondables change le paysage. “On respire mieux et on marche plus, simplement parce que le cadre invite à sortir”, résume Claire B., riveraine, croisée tôt le matin sur les bords du fleuve.
Pourquoi ces distinctions comptent-elles? Parce qu’elles engagent des budgets, entraînent les partenaires et donnent du poids aux projets devant les financeurs. Le tissu associatif local y trouve un levier. “Le label accélère des chantiers que nous suivons depuis des années”, confie Manon L., bénévole d’un collectif de jardiniers urbains.
Les critères qui ont fait la différence
Les jurés s’appuient sur des preuves concrètes. Ils regardent les plantations, la gestion de l’eau, la place de la nature dans l’urbanisme et les actions culturelles. Les données de suivi, le dialogue avec les habitants et les écoles pèsent aussi dans la balance.
- Actions mesurables : surface renaturée, nombre d’arbres plantés, suivi de la faune.
- Gestion écologique : arrêt des intrants chimiques, prairies de fauche, arrosage raisonné.
- Culture et pédagogie : muséums, jardins botaniques, parcours d’art et de nature.
- Urbanisme durable : désimperméabilisation, îlots de fraîcheur, trames vertes et bleues.
- Gouvernance : services dédiés, formation des agents, budgets et partenariats.
Le choix de Tours et de Blois s’explique par la combinaison de ces leviers. Et par une même conviction : la ville peut être un refuge pour la vie sauvage, si elle se donne les moyens. “Le signal est fort pour toutes les collectivités de la Loire moyenne”, note un représentant d’un parc naturel local.
| Catégorie | Lauréat 2025 | Atout clé | Territoire |
|---|---|---|---|
| Villes > 100 000 hab. | Tours | Plan “Nature en ville” et gestion des espaces verts | Indre-et-Loire |
| Intercommunalités urbaines | Agglopolys (Blois) | Service biodiversité, renaturation, écosystèmes urbains | Loir-et-Cher |
| Autres catégories | Plusieurs lauréats en France | Actions locales remarquables | Différents régions |
Ce palmarès tire une ligne claire: la biodiversité urbaine n’est plus un supplément d’âme, c’est une stratégie de territoire qui change la vie quotidienne.
Tours, capitale de la biodiversité : espaces verts, eau et culture
À Tours, la transition est visible quartier par quartier. Le plan “Nature en ville”, adopté en 2020, fixe une trajectoire simple : préserver, renaturer, reconnecter. Les équipes municipales s’appuient sur un suivi précis, et des partenariats solides avec le Muséum d’Histoire naturelle et le Jardin botanique.
Plus de 40 000 arbres et arbustes ont été plantés en cinq ans. 50 hectares sont désormais gérés en prairies de fauche. Depuis 2024, la Ville a cessé l’usage d’engrais chimiques sur ses sites publics. Ces mesures apaisent les sols et favorisent insectes, oiseaux et petits mammifères en pleine ville.
Le programme “Récrés en herbe” transforme des cours d’écoles minérales en îlots de fraîcheur. À l’école Jean-de-la-Fontaine, des jeux à l’ombre d’arbustes et des récupérateurs d’eau créent de nouveaux gestes. “Les enfants reconnaissent les mésanges grâce aux nichoirs installés”, sourit Mélanie Roy, directrice de l’établissement.
La renaturation du Petit Cher sert d’exemple. Les berges désimperméabilisées filtrent mieux les eaux de pluie, limitent les crues et attirent libellules et amphibiens. Des passerelles en bois facilitent les promenades, loin du bruit. Les joggeurs saluent un parcours plus frais, même en été.
Culture(s) & biodiversité : un récit tourangeau
Le thème 2025 met en avant les passerelles entre art, science et nature. Le festival de street art “Murs de Loire” croise patrimoine ligérien et fresques inspirées par la faune. Le Jardin botanique réintroduit des plantes locales menacées et sauvegarde des variétés oubliées comme le flageolet de Touraine ou le céleri violet.
Le lien social se tisse aussi dans l’assiette. Avec les “Jardins gourmands et solidaires”, plus de 10 tonnes de légumes issus des serres municipales ont été distribuées via des associations. “On apprend à cuisiner de saison en découvrant d’où vient la graine”, explique Khaled M., médiateur culinaire.
La Loire occupe une place singulière. Patrimoine mondial, elle devient un repère éthique avec la reconnaissance symbolique de ses droits, et même une “citoyenne d’honneur” en 2024. La Ville est signataire du Manifeste de Loire et partenaire de la Mission Val de Loire, pour faire vivre ce rapport au fleuve au quotidien.
- Plantations ciblées dans les rues chaudes pour réduire l’îlot de chaleur.
- Gestion intégrée des eaux pluviales sur places et trottoirs.
- Inventaire de biodiversité partagé avec les habitants et les écoles.
- Parcours culturels mêlant œuvres et nature en ville.
- Mécénat d’entreprise : plus de 500 000 € mobilisés pour planter et renaturer.
Les services techniques parlent d’urbanisme low-tech et de bon sens ligérien. “La nature rend des services que l’on ne payait pas, puis que l’on a commencé à perdre. Nous remettons ces services au cœur de la ville”, résume Élise C., cheffe de service espaces verts.
| Indicateur clé | Résultat à Tours | Effet observé | Quartiers concernés |
|---|---|---|---|
| Arbres/arbustes plantés | > 40 000 | Ombre, biodiversité, qualité de l’air | Halles, Velpeau, Beaujardin |
| Prairies de fauche | 50 ha | Floraison, pollinisateurs, sols vivants | Parcs et bords de Loire |
| Engrais chimiques | Arrêt depuis 2024 | Moins de pollution diffuse | Espaces verts municipaux |
| Récrés en herbe | Écoles végétalisées | Îlots de fraîcheur, pédagogie | Plusieurs groupes scolaires |
Les habitants s’approprient ces transformations par petites touches. Une haie mellifère devant une boulangerie, un banc à l’ombre d’un micocoulier, une fresque qui raconte la Loire : autant de repères qui font “ville nature” et donnent envie de participer.
Au fond, la capitale française de la biodiversité n’est pas un titre figé : c’est la promesse que la ville restera vivante en s’appuyant sur la nature.
Agglopolys Blois : renaturation, climat et urbanisme durable
À Blois et dans son agglomération, la stratégie est collective. Agglopolys a créé un service biodiversité pour irriguer tous les projets, de la voirie aux parcs. La feuille de route intègre le Plan climat-air-énergie et place la nature comme solution d’adaptation.
De 2003 à 2025, un Atlas de la biodiversité communale a été mené sur les 43 communes. Ce diagnostic fin alimente les documents d’urbanisme et les chantiers. Plus de 1 600 agents ont été formés aux enjeux climat-biodiversité pour diffuser une culture commune.
Le projet phare se lit en bord de Loire. Sur le site de La Bouillie, 52 hectares d’anciennes emprises, à risque en cas d’inondation, ont été déconstruits et rendus à la nature et aux loisirs. Sentiers, zones humides restaurées et espaces agricoles trouvent un nouvel équilibre.
“C’est de la désartificialisation intelligente”, résume Julien H., technicien rivière. Les sols respirent, l’eau circule, les oiseaux reviennent. Les promeneurs profitent d’un paysage qui change au rythme des saisons. Les écoles de Blois-Vienne viennent y observer les traces de castors.
Pasto’Loire, ABC et culture naturaliste partagée
La collectivité soutient Pasto’Loire avec le CEN Centre-Val de Loire. Des troupeaux entretiennent des prairies tout en préservant des races locales. “Le pâturage redonne une mosaïque d’habitats aux insectes”, explique Camille D., éleveuse impliquée.
L’ABC a nourri un récit commun. Des sorties nature et des sciences participatives ont rassemblé familles et associations naturalistes. Les communes travaillent désormais avec des données partagées, jusque dans les permis d’aménager. La biodiversité devient un réflexe d’urbanisme.
Les chantiers s’accompagnent d’aménagements sobres. Bancs en bois brut, clairières ouvertes, zones de quiétude. “Nous ne cherchons pas le spectaculaire, mais l’utile et le durable”, souligne Lucas R., vice-président en charge de l’environnement. Les riverains adhèrent, à condition d’être associés tôt et en transparence.
- Service biodiversité dédié pour coordonner les projets.
- Formations aux agents et aux élus, de l’eau aux écosystèmes urbains.
- Renaturation de sites à risque, avec accès citoyen sécurisé.
- Soutien à l’élevage extensif pour entretenir les milieux.
- Atlas partagé pour guider l’urbanisme et la voirie.
| Action Agglopolys | Volume / Périmètre | Impact | Communes |
|---|---|---|---|
| Atlas de biodiversité | 2003–2025, 43 communes | Données pour PLU et projets | Tout le territoire |
| Formation des agents | > 1 600 personnes | Montée en compétences | Services techniques |
| La Bouillie | 52 ha renaturés | Crues, loisirs, habitats | Blois-Vienne |
| Pasto’Loire | Prairies ligériennes | Mosaïque d’habitats | Bords de Loire |
À la clé, une réputation renforcée et des projets plus lisibles pour les habitants. Quand le fleuve grimpe, les espaces renaturés jouent leur rôle. Quand l’été chauffe, les zones humides dissipent la chaleur. Une manière concrète de faire rimer urbanisme durable et quotidien.
Effets au quotidien : fraîcheur, santé et lien social
Les effets de la biodiversité urbaine se mesurent dans les gestes simples. Marcher à l’ombre, entendre les rougegorges, croiser des voisins au jardin partagé. À Tours comme à Blois, les espaces verts jouent le rôle d’antidotes urbains.
La végétation réduit l’îlot de chaleur et encourage l’activité physique. À la pause de midi, des employés sortent déjeuner au parc Mirabeau. Le soir, les familles préfèrent un tour à vélo sur les bords de Loire. “On gagne en qualité de vie sans dépenser plus”, observe Adeline P., infirmière libérale.
Les écoliers apprennent dehors. Classes d’observation, potagers, marquage des papillons. Ces pratiques renforcent attention et coopération. Les enseignants notent moins de tensions dans les cours de récré végétalisées. Les parents suivent, en plantant des haies chez eux.
Commerce, tourisme et culture du quotidien
Les commerces de proximité profitent d’un centre plus agréable. Un fleuriste de la rue Nationale a vu affluer les curieux après l’installation d’une micro-forêt. Les terrasses à l’ombre vivent mieux l’été caniculaire. La nature crée du passage et des haltes.
Le tourisme se réinvente avec des itinéraires doux. Balades naturalistes, parcours d’art et de nature, haltes en bord de Loire. À Blois, des visites de la renaturation deviennent des sorties du dimanche. La photographie de paysages ligériens attire des passionnés de toute la région.
- Îlots de fraîcheur répartis dans les quartiers denses.
- Jardins partagés qui tissent des réseaux d’entraide.
- Sentiers accessibles pour promenades et vélos.
- Ateliers nature pour enfants et seniors.
- Ombrières et haies devant les commerces.
Les bénéfices sont aussi sanitaires. Moins de stress, plus d’activité, un air plus respirable. Les médecins généralistes évoquent une baisse des consultations liées aux fortes chaleurs quand les points de fraîcheur sont bien répartis.
| Quartier / Commune | Aménagement nature | Effet perçu | Témoignage |
|---|---|---|---|
| Tours – Halles | Parterres ombragés | Terrasses plus supportables | “On reste dehors” – commerçant |
| Tours – Écoles | Récrés en herbe | Moins de conflits | “Enfants plus calmes” – directrice |
| Blois – La Bouillie | Zones humides | Fraîcheur en été | “Balade quotidienne” – retraité |
| Blois – Bords de Loire | Pasto’Loire | Faune plus visible | “On apprend en famille” – parent |
Ces améliorations ancrent l’idée que les écosystèmes urbains sont des alliés contre les crises climatiques et sociales. Quand la nature devient une habitude, la ville gagne en résilience et en convivialité.
Cap sur demain : défis, budgets et inspiration pour d’autres villes
Les lauriers ne suffisent pas. Tours et Blois doivent entretenir, arroser intelligemment, tailler au bon moment. Le changement climatique impose d’adapter les choix d’essences et de protéger l’eau. La coordination entre services reste essentielle.
Le financement compte. Le mécénat d’entreprises a déjà apporté plus de 500 000 € côté tourangeau. Des subventions complètent, mais les coûts d’entretien progressent. Mutualiser les pépinières, valoriser le bois de taille, récupérer l’eau de pluie : autant d’économies durables.
La mesure et la transparence rassurent. Publier des cartes d’ombre, des inventaires d’espèces, des calendriers de fauche, aide chacun à comprendre. Les associations naturalistes et les habitants peuvent contribuer via des observatoires citoyens, photo à l’appui.
Transférer les bonnes pratiques
Que peuvent retenir d’autres villes? Commencer par un diagnostic simple, fixer des objectifs annuels, et impliquer écoles et commerçants. Les premiers résultats motivent. Les projets de petite taille, cachés dans la trame urbaine, créent l’effet boule de neige.
L’édition 2026 du concours, dédiée à la restauration de la nature, ouvre une nouvelle étape. Les communes peuvent d’ores et déjà se préparer et candidater d’ici le 27 février 2026. Les territoires ligériens montrent qu’un cap clair attire partenaires et habitants.
- Planifier par quartiers avec objectifs mesurables.
- Renaturer les sols avant de planter massivement.
- Réutiliser l’eau via noues, toitures et bassins.
- Associer la culture pour raconter la nature en ville.
- Former et partager des données ouvertes.
Des contacts utiles existent pour s’inspirer et coopérer. Le site de l’OFB recense guides et retours d’expérience. La Ville de Tours et Agglopolys publient leurs cartes et fiches projets. Les échanges entre techniciens font gagner du temps.
| Année | Événement / Décision | Territoire | Effet attendu |
|---|---|---|---|
| 2020 | Lancement “Nature en ville” | Tours | Cap stratégique clair |
| 2024 | Fin des engrais chimiques | Tours | Sols plus vivants |
| 2025 | Lauréats du classement biodiversité | Tours et Agglopolys | Effet d’entraînement |
| 2026 | Concours “Restauration de la nature” | Commune/Interco | Projets de renaturation |
Le message final est simple et exigeant : la biodiversité urbaine est une politique publique aussi concrète que la voirie. Bien pilotée, elle transforme l’environnement et soude les communautés. Et elle donne à nos territoires ligériens une longueur d’avance durable.